DANS LA COSA NOSTRA IL Y A CERTAINES RÈGLES À RESPECTER
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Actualité et Histoire sur la Cosa Nostra Italo-Américaine
Au Fulton Fish Market, l’un des plus grands marchés aux poissons de New-York et des États-Unis, tout le monde connait Elio « Chinatown » Albanese et Carmine « Baby Carmine » Russo. Le premier à en parler, c’est l’avocat d’Elio Albanese, qui en plus de vanter son client comme « un bon gars qui travaille dur » , se permet d’ajouter qu’Elio Albanese, passe tellement de temps au Fulton Fish Market qu’il « sent le poisson à longueur de journée ». Mais du côté des fédéraux, la réalité est tout autre et ils identifient formellement Elio Albanese et Carmine Russo comme des Soldats de la famille Genovese. En 1995, ces derniers ont plaidé coupable devant un tribunal fédéral à New-York, de complot pour dévaliser des banques, de trafic illégal d’explosifs et tenez vous bien, de vente illégale de feux d’artifices. A cette époque et selon les procureurs, les deux hommes faisaient partie d’un réseau de treize membres, affiliés de près ou de loin à la famille Genovese, qui ont conspiré pour voler quatre banques à New-York dont plusieurs fourgons blindés. Vingt cinq ans plus tard et malgré une multitude de condamnations, Elio Albanese et Carmine Russo sont toujours dans le circuit et ont récemment été inculpés de trafic de drogue, ce qui embarrasse fortement la hiérarchie de la famille Genovese. Dans la Cosa Nostra, trafiquer de la drogue est « normalement » interdit même si les hiérarchies mafieuses ont tendance à accepter facilement l’argent qui en découle. Dans le cas d’Elio Albanese et Carmine Russo, les deux Soldats de la famille Genovese sont inculpés d’avoir vendu des dizaines de milliers d'opioïdes, un puissant anti-douleur et d’autres médicaments sur ordonnance dans les rues de New-York, grâce à la complicité de deux médecins qui auraient fourni au total près de dix sept ordonnances d’oxycodone. Grâce à ces ordonnances, Elio Albanese et Carmine Russo ont pu vendre à prix cher ces médicaments, à plusieurs individus dans le secteur de Manhattan et de Staten-Island. Selon les procureurs, les deux Soldats de la famille Genovese ont sur une période de neuf mois, été enregistrés à plusieurs reprises alors qu’ils discutaient de rencontrer deux de leurs Associés, Louis Vantafredda et Ivan Iorizzo, afin de préparer la logistique dans le but d’une future revente.
Le problème dans cette affaire est que le Parrain de la famille Genovese, Liborio « Barney » Bellomo, n’était pas au courant de ce type de racket. Selon les fédéraux, ce dernier avait fait passer le message auprès de ses Capitaines, qu’ils n’avaient « rien à faire » avec la vente de stupéfiants ou de médicaments sur ordonnance. La drogue, malgré des revenus qui peuvent être conséquents, attire les fédéraux et le Parrain des Genovese veut garder sa famille cloisonnée en toutes circonstances. Les procureurs ont stipulé qu’une affaire liée à la vente de stupéfiants peut prendre plusieurs mois, voire de nombreuses années. Dans ce dossier, les investigations ont été retardées en raison des confinements liés au Covid, ce qui a fait durer cette affaire pendant plus de deux ans. Mais malgré des conditions de surveillance difficiles, les enregistrements ont beaucoup aidé les fédéraux pour prouver l’implication des deux Soldats de la famille Genovese dans ce trafic. Une conversation en particulier prouve l’engagement des mafieux dans la revente de ces médicaments, qui peuvent se revendre près de vingt-cinq dollars l’unité, voire plus, dans les rues de New-York. En Janvier 2020, Elio Albanese obtient une nouvelle prescription d’oxycodone. Il téléphone ensuite à l’un de ses Associés, Louis Vantafredda, en lui déclarant que « tout irait bien pour demain », qu’il prévoyait de « récupérer » l’ensemble des médicaments dans une pharmacie de Manhattan. Par la suite, Elio Albanese a été entendu en train de parler de la « logistique » et à partir de quel moment le Soldat de la famille Genovese devait rencontrer son Associé pour la remise des médicaments. La plupart des réunions de ce petit groupe ont eu lieu dans le club social d’Elio Albanese, dans le Lower East Side.
À leur apogée, Elio Albanese et Carmine Russo pouvaient gagner des millions de dollars grâce aux braquages de banque et aux fourgons blindés. Ils gagnaient leur argent « aux poings », à la « sueur de leur front » et étaient respectés en tant que tel au sein de la famille Genovese. La vente de feux d’artifices fut également une véritable aubaine et un « formidable générateur d’argent » pour les Genovese, que le duo géra pendant plus d’une décennie. Selon les procureurs à cette époque, lors de la fête nationale du 4 Juillet, les deux mafieux pouvaient être vus en train de vendre des caisses entières de feux d’artifices dans Mulberry Street à des individus, qui se déplaçaient spécialement pour l’occasion. Ces arnaques ainsi que les différents braquages n’ont duré qu’un temps et les deux Soldats de la famille Genovese seront condamnés à près de neuf ans derrière les barreaux. A leur sortie de prison, Elio Albanese et Carmine Russo, étaient considérés, par certains de leurs proches, comme « fauchés ». Carmine Russo étant même décrit par un membre de sa famille, comme une personne obligée de vendre des « sacs en plastique » au Fulton Fish Market pour survivre. Selon le procureur : « Les accusés ont utilisé la crise actuelle des opioïdes, pour exploiter la souffrance et la dépendance des autres. Pour aggraver les choses, un médecin de confiance de Manhattan a prescrit des pilules aux accusés, qui ont ensuite été vendues illégalement à des New-Yorkais ». En attendant une nouvelle comparution devant les tribunaux, les mafieux de la famille Genovese ont été libérés sous caution et risquent, en cas de condamnation, jusqu’à quinze années de prison.
Les fédéraux n’ont toujours pas clôturé l’affaire relative à l’assassinat de l’Associé de la famille de Philadelphie, Gino DiPietro. Assassiné en pleine rue, une journée de Noël en 2012, ce meurtre avait été jugé à cette époque comme “l’assassinat le plus stupide” orchestré par la famille de Philadelphie depuis de nombreuses années. Petit retour en arrière. Gino DiPietro a été assassiné, près de son domicile, alors qu’il sortait de son véhicule. Associé dans la famille de Philadelphie, des rumeurs circulaient, depuis quelque temps, comme quoi Gino DiPietro collaborait avec les fédéraux. Gino DiPietro gagnait de l’argent grâce à la vente de stupéfiants. Déjà condamné à plusieurs années de prison pour trafic de drogue , il venait d’être arrêté une nouvelle pour les mêmes délits et aux États-Unis, être condamné plusieurs fois pour les mêmes motifs n’est jamais très bon. Le jour de ce meurtre, le numéro d’immatriculation du véhicule, fuyant de la scène de crime, fut rapidement identifié et quelques minutes plus tard, le Soldat Anthony Nicodemo, sera arrêté à son domicile. L’arme du crime retrouvé dans son véhicule garé à quelques mètres. Mais dans cette histoire, le FBI a toujours eu la certitude qu’Anthony Nicodemo ne servait que de « chauffeur » et que le véritable tireur était toujours en liberté. Le problème pour les fédéraux est qu’Anthony Nicodemo a toujours refusé de collaborer avec la police locale ou même avec le FBI, préférant maintenir son serment d’allégeance à la Cosa Nostra.
Condamné entre vingt-cinq et cinquante ans de prison dans un pénitencier d’État, proche de Philadelphie, Anthony Nicodemo a déjà purgé près de dix ans de sa peine, l’occasion pour les fédéraux, pour “fêter ça”, de relancer cette affaire. Il y a deux ans déjà, le FBI proposait près de 10 000 dollars de récompense pour toutes informations pouvant avancer sur cette enquête. L’année dernière, à la même période, les fédéraux ont diffusé les photos d’un éventuel tireur, vêtu d’un sweat à capuche noir, en train de s’échapper, à pied, vers une voiture qui attendait à proximité. C’est suite à cette photo, que les fédéraux ont eu la certitude que la voiture garée à proximité était celle d’Anthony Nicodemo et le tireur, sûrement un proche du Soldat de la famille de Philadelphie, le nom du Capitaine Domenic Grande étant apparu à plusieurs reprises. Alors que Steven et Salvatore Mazzone, ainsi que Domenic Grande vont commencer prochainement à purger leur peine de prison suite à des inculpations fédérales, le FBI veut profiter de ce moment pour relancer une nouvelle fois leur récompense sur ce meurtre crapuleux. Les fédéraux pensent sans doute qu’avec leur incarcération, des informations pourraient arriver plus facilement.
Pour une première inculpation fédérale, le Soldat de la famille de Philadelphie, Salvatore « Sonny » Mazzone, frère de l’actuel Underboss, Steven « HandSome Steve » Mazzone, a été condamné à deux années de prison à purger dans un pénitencier fédéral. Cette peine assez clémente, fut possible grâce à un plaidoyer accepté par Salvatore Mazzone, avec l’équipe de procureurs, sur des accusations de « complot de racket ». Alors que le Soldat de la famille de Philadelphie risquait entre vingt quatre et trente mois derrière les barreaux, les procureurs avaient demandé la peine la plus légère, malgré la gravité des accusations et des propos tenus par le juge sur Salvatore Mazzone : « La conduite de l’accusé dans cette affaire est grave. Il est un membre de la Cosa Nostra qui a travaillé sous les ordres de son frère, un membre haut placé de cette organisation ». Des preuves, amassées pendant plusieurs années d’enquête, ont révélé que Salvatore Mazzone avait utilisé sa réputation au sein de la famille de Philadelphie et la violence pour se livrer quotidiennement à des comportements criminels. Ce dernier avait également, en tant que Soldat de la Cosa Nostra, des Associés à sa disposition qui lui rendaient des comptes et qui travaillaient pour l’aider à « structurer » la collecte venant des prêts usuraires, une activité criminelle qui rapporte, chaque année, des centaine de milliers de dollars à la famille de Philadelphie. Malgré la gravité des faits, les avocats de Salvatore Mazzone ont essayé de convaincre le juge qu’une incarcération prolongée pouvait être problématique pour leur client. Le motif ? Salvatore Mazzone a subi récemment une opération du genou et devrait prochainement subir une nouvelle opération du canal carpien. Mais alors que le cas de Salvatore Mazzone était « plus simple », car malgré son statut, ce dernier n’avait pas de précédente condamnation, celui de son frère, Steven, était quant-à lui, beaucoup plus compliqué.
Près de deux ans après son arrestation, Steven Mazzone a été condamné à cinq années de prison, suite à un accord de plaidoyer passé entre ses avocats et les procureurs quelques mois plus tôt. L’Underboss de la famille de Philadelphie, qui a déjà purgé près de neuf années de prison pour des faits de racket au début des années 2000, devra purger au moins 85 % de sa peine, soit un peu plus de quatre ans, avant de commencer une période de liberté surveillée s’étalant sur au moins trois ans. L’avocat de Steven Mazzone avait longtemps plaidé pour une peine maximale de trois ans et demi, au motif que contrairement au Capitaine Domenic Grande, inculpé de trafic de drogue, les accusations fédérales sur Steven Mazzone étaient moins importantes. Les procureurs avait recommandé au juge quant-à eux, une peine maximale de six années et demi, le juge aura finalement coupé la poire en deux : « Même si la famille de Philadelphie a été affaiblie au fil des décennies, en grande partie grâce aux efforts persistants des forces de l’ordre, la Cosa Nostra reste toujours un problème et nuit à notre communauté » déclara les procureurs fédéraux suite à ce verdict. Steven Mazzone est un proche de l’actuel Parrain de la famille de Philadelphie, Joseph Merlino. Depuis sa libération de prison à la fin des années 2000, Steven Mazzone a continué à gérer ses activités criminelles pour le compte de la Cosa Nostra et a participé à plusieurs reprises à des cérémonies d’intronisation de nouveaux membres, dont une qui avait été enregistrée secrètement par un informateur du gouvernement.